Le virage électrique : le Maroc face au défi de la mobilité verte

Le virage électrique : le Maroc face au défi de la mobilité verte
Catégorie: Véhicules
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il y a 2 mois

Le soleil tape fort sur le parking d’un centre commercial de Casablanca, où quelques bornes de recharge flambant neuves attirent l’attention des passants. À côté d’une Tesla Model 3 et d’un SUV hybride, des badauds curieux s’arrêtent pour observer ces véhicules « du futur ». Si la mobilité électrique n’en est encore qu’à ses balbutiements dans le Royaume, on ressent une certaine effervescence autour de ce nouveau mode de transport : entre incitations gouvernementales, événements promotionnels et innovations technologiques, le Maroc avance — parfois prudemment, mais de plus en plus concrètement — vers la voiture verte.
 

Le contexte d’une transition inévitable

Jusqu’à récemment, l’idée de rouler en véhicule électrique ou hybride au Maroc relevait presque d’un luxe réservé à une élite. L’infrastructure de recharge demeurait embryonnaire et les offres se limitaient à quelques modèles rares, importés à prix élevé. Pourtant, plusieurs facteurs poussent aujourd’hui les automobilistes à s’intéresser à ces alternatives :

  • Le souci écologique : la pollution de l’air dans les grandes villes, la dépendance aux énergies fossiles, la prise de conscience des enjeux climatiques.
  • L’essor des énergies renouvelables : le Maroc investit massivement dans le solaire et l’éolien, ce qui ouvre la voie à une électricité plus propre.
  • Les coûts d’entretien : de plus en plus de conducteurs découvrent que, sur le long terme, un véhicule électrique peut se révéler moins cher à entretenir qu’un modèle thermique.

Mais le changement ne se fait pas du jour au lendemain. Comme l’explique Imane Alami, ingénieure spécialisée en motorisation électrique : « Les constructeurs doivent encore adapter leur stratégie au marché marocain. Tous les modèles ne sont pas disponibles, et la question du service après-vente ou des pièces de rechange reste cruciale. En parallèle, les pouvoirs publics doivent encourager les investissements dans les stations de recharge, sans quoi on risque un effet d’annonce, mais pas de véritable adoption par le grand public. »
 

L’infrastructure, pierre angulaire du succès

En dépit de quelques initiatives encourageantes, le réseau de bornes de recharge demeure limité. On trouve principalement des points de recharge dans certains grands centres commerciaux, hôtels ou stations-service de l’axe Casablanca-Rabat-Tanger, mais il reste très inégalement réparti sur le reste du territoire.

À Marrakech, pourtant considérée comme l’une des villes pilotes pour la mobilité verte, les automobilistes signalent encore la difficulté à planifier un trajet de plusieurs centaines de kilomètres. « Je me suis retrouvé une fois sur la route d’Ouarzazate sans certitude de trouver une prise en état de fonctionner, » raconte Yacine, propriétaire d’une Nissan Leaf. « J’ai dû calculer scrupuleusement mon itinéraire et faire un détour de 30 kilomètres. Ça enlève un peu de la spontanéité du voyage. »

Pour autant, des acteurs privés et publics se mobilisent. Certains opérateurs, en partenariat avec l’Office National de l’Électricité et de l’Eau Potable (ONEE), projettent de mailler progressivement l’ensemble des grands axes autoroutiers. Les nouvelles installations se multiplient, souvent portées par des entreprises marocaines désireuses d’investir dans ce marché en plein essor. L’optimisme est donc permis, même si le chemin reste long.
 

L’engagement des pouvoirs publics

Soucieux de réduire son bilan carbone et d’être à la pointe des énergies renouvelables, le Maroc a déjà lancé plusieurs projets pour encourager la mobilité électrique :

  • Mise en place de tarifs préférentiels ou de formules spéciales pour la recharge nocturne, afin d’inciter les usagers à faire le plein d’électricité aux heures creuses.
  • Organisation de salons automobiles axés sur les véhicules verts, avec le soutien d’institutions officielles pour sensibiliser le public.
  • Etude de mesures fiscales (réductions de taxes, exonérations partielles) pour favoriser l’achat de véhicules électriques ou hybrides.

Cependant, ces mesures restent en phase d’expérimentation et leur concrétisation varie d’une région à l’autre. Comme souvent, c’est dans la mise en application et la coordination que se situent les vrais défis. Pour le moment, le nombre de voitures électriques neuves immatriculées chaque année demeure modeste, même s’il affiche une lente progression.
 

L’occasion électrique : un marché en gestation

L’un des points qui pourrait accélérer la démocratisation de l’électrique au Maroc réside dans le marché de l’occasion. Alors que le neuf reste parfois hors de portée pour de nombreuses bourses, la disponibilité de modèles déjà utilisés (importés d’Europe ou d’Asie, ou revendus par des propriétaires marocains) permettrait à un plus grand nombre d’automobilistes de franchir le pas.

Sur des plateformes d’annonces comme Qui Cherche Quoi, on voit effectivement apparaître, depuis un ou deux ans, des voitures hybrides ou électriques, souvent âgées de quelques années. Le prix reste élevé en comparaison d’un véhicule thermique équivalent, mais la tendance à la baisse est enclenchée.

Zohra, qui a récemment déniché une Toyota Prius d’occasion, explique : « Je voulais faire un geste pour l’environnement, mais acheter du neuf dépassait mon budget. En fouillant régulièrement les annonces, j’ai trouvé un modèle hybride à un prix que je pouvais assumer. C’est très appréciable, surtout lorsque les trajets domicile-travail sont fréquents. »
 

Les freins culturels et psychologiques

Au-delà de la problématique financière et technique, il existe aussi un certain conservatisme ou une méfiance naturelle envers la nouveauté. Beaucoup de Marocains se sentent plus à l’aise avec le diesel ou l’essence, par habitude, par manque d’information sur la maintenance des batteries, ou tout simplement par crainte de tomber en panne au milieu de nulle part.

Il faut aussi composer avec la culture de la performance mécanique (appréciation du bruit du moteur, puissance apparente), ancrée dans certains milieux d’automobilistes. L’électrique, silencieuse et liée à l’idée de conduite économe, souffre parfois d’une image « moins fun ». Mais les nouvelles générations, plus sensibles aux enjeux climatiques, bousculent peu à peu ces stéréotypes, en cherchant à concilier mobilité pratique et engagement écologique.
 

Les perspectives d’avenir

Si le tableau n’est pas encore idyllique, les signaux encourageants sont nombreux. Les constructeurs commencent à proposer au Maroc plusieurs gammes hybrides ou 100 % électriques, du petit modèle urbain au SUV familial. Des start-up locales s’impliquent dans la création de bornes plus compactes et faciles à installer, y compris dans des zones moins urbanisées. Les services d’autopartage (car-sharing) et de location de véhicules électriques fleurissent dans les plus grandes villes, contribuant à familiariser la population avec cette alternative.

Dans les années à venir, il n’est pas exclu que le marché marocain, profitant de l’expérience européenne, saute rapidement quelques étapes. L’objectif : se rapprocher des standards internationaux où, dans certains pays, la voiture électrique représente déjà une part significative des ventes. Reste la question de savoir à quel rythme les mentalités, les infrastructures et les politiques d’incitation s’aligneront pour faire du Maroc l’un des pionniers de la mobilité verte en Afrique du Nord.
 

Conclusion

Le virage électrique est engagé. Les avancées technologiques, le soutien progressif des autorités et l’enthousiasme grandissant de certains automobilistes font miroiter un futur moins dépendant des hydrocarbures. Mais la route s’annonce encore sinueuse avant que l’électrique ne devienne la norme. Entre les coûts initiaux, la disponibilité des bornes de recharge et le besoin de rassurer les conducteurs, il faudra du temps pour ancrer durablement la voiture verte dans le quotidien des Marocains.

Néanmoins, l’idée que l’on peut rouler « propre » sans sacrifier confort et plaisir de conduire séduit chaque jour davantage. Et, pour ceux qui hésitent à franchir le pas, jeter un coup d’œil sur les annonces spécialisées ou consulter les retours d’expérience d’utilisateurs déjà convertis à l’électrique est souvent la première étape pour changer son regard… et, peut-être, changer d’ère automobile.

Par Soufiane Achkoun, chroniqueur Auto pour «Qui Cherche Quoi»

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